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Le monument : revue de détail

Le monument : revue de détail 2018-03-26T21:48:35+02:00

Chapiteaux

Litre funéraire des seigneurs de Vesc

Décor intérieur :

La décoration de l’église, modeste, paraît archaïque, souvent à base de motifs géométriques dont certains plus stylisés que les autres (formes de croix et petites rosaces).

On notera le caractère très balbutiant d’une partie des ornements sculptés. Il n’en va pas de même pour les 3 motifs avec des entrelacs, appelés « nœuds de Salomon » présentés ci-après.

• On remarquera tout d’abord, sur le pourtour du transept et de la nef, la litre funéraire (récemment restaurée) aux armes des seigneurs de VESC : « Palé d’argent tiercé et d’azur à six pièces, au chef d’or, ayant pour support deux lions, timbré d’une couronne de marquis ».

Une « litre » (du bas-latin litra, listra, lisière, bordure) est à l’origine une bande noire tendue lors des obsèques d’un grand personnage – soit à l’intérieur de l’église, soit à l’extérieur – et portant les armoiries du défunt ; cette pratique est devenue un « droit de litre » (connu déjà au XVème s.). Il subsiste peu de litres en France, notamment dans le Sud-est, ce qui fait l’originalité de cet ornement à Comps. Une litre semblable, datant du XVIème s., est visible dans le temple huguenot de PONTAIX, ainsi qu’un fragment dans la chapelle Notre-Dame de la Fistule à Béconne. Celle de Comps pourrait être contemporaine, sans plus de précision sur la datation : probablement fin XVIème – début XVIIème siècle.

• La cuve baptismale, à gauche de l’entrée : elle est fort ancienne, probablement romane, car on peut noter sa forme octogonale, typique des baptistères médiévaux.

• Les trompillons : là où l’on s’attend à trouver le « tétramorphe » des 4 évangélistes, 3 quadrupèdes apparemment sans signification biblique !

Cuve baptismale octogonale.

Trompillon Nord-est avec un lion qui se mord la queue.

Frise de l’abside, avec ses motifs géométriques et figuratifs discontinus ; il s’agit de pierres de remploi juxtaposées

Trompillon Sud-est avec un cheval en ruade.

Trompillon Sud-ouest avec un animal fantastique (licorne ?).

• La frise : alternance de motifs géométriques primitifs et de tentatives de sculptures figuratives : animaux, végétaux peut-être. Il semble même que la frise soit constituée d’éléments rapportés et plus ou moins adroitement assemblés, voire tronqués.

• Avant la restauration de 1947, la disposition de l’église était conforme au rite tridentin (Concile de Trente) en vigueur dans l’Eglise catholique, avec l’autel au fond de la « nef », le célébrant tournant le dos aux fidèles. L’ancien autel, en bois, est entreposé dans la chapelle, devenue sacristie. Il est représentatif de l’art du pastiche, à l’honneur au XVIIIème s., avec sa peinture imitant le marbre.

Frise de l’abside, avec ses motifs géométriques et figuratifs discontinus ; il s’agit de pierres de remploi juxtaposées.

L’autel « reconstitué » en pierre, dans sa position d’origine

• Le plafond de l’abside présentait – avant sa restauration – un décor assez fréquent de ciel bleu parsemé d’étoiles dorées… !

• Avant le chantier de restauration, il existait une grille en métal moulé qui séparait le « chœur » (fond du transept actuel) des fidèles, comme s’était l’usage. Un fragment de cette grille, vandalisée, nous est resté, avec ses volutes et décors caractéristiques en grappes de raisins.

• Les deux encorbellements de part et d’autre de l’arc du croisillon Sud (transept) montrent la représentation du « nœud de Salomon », symbole très ancien, interprété à la fois comme signe de la sagesse, de l’infini, voire du mystère insondable (ce qui revient au même), car certains entrelacs complexes ne comportent qu’un seul tracé ! Ce symbole repris dans les thèmes décoratifs des 3 religions monothéistes, est sculpté ici dans sa forme simple – entrelac de 2 anneaux – et dans sa forme double. Sa présence à COMPS semble tout à fait exceptionnelle, le « nœud de Salomon » n’étant pas signalé ailleurs dans la Drôme ! la présence de ce symbole paraît donc pour le moins le fait un tailleur de pierre expérimenté,  » initié » et bon connaisseur de la symbolique romane, non celui d’un tâcheron local. Ce type d’entrelac figure également sur le chapiteau de la colonne Sud de la nef (en partie abîmé).

Entrelacs simples, dit « Nœud de Salomon ».

Entrelacs double, dit « Nœud de Salomon ».

Corbeau de l’arcade du transept Sud, en forme de double spirale.

Bas-relief aux 10 têtes (décor extérieur

• La spirale double figurée sur le corbeau au transept Sud : la spirale est un symbole de continuité. Elle représente les rythmes répétés de la vie, le caractère cyclique de l’évolution. Motif ouvert, elle manifeste l’optimisme. Il n’est donc pas étonnant de la retrouver sur les linteaux de porte d’entrée des habitations et des étables. Présente dans de nombreuses cultures anciennes, la spirale était souvent gravée par les celtes sur les monuments mégalithiques.

Décor extérieur :

A l’extérieur, au-dessus de la porte occidentale de la nef, sont encastrés deux fragments de bas-relief (15 cm x 20 cm), incomplets, représentant une dizaine de têtes humaines, sur deux rangs. Cette sculpture – placée là tardivement – évoquerait, par son style simpliste, une date beaucoup plus ancienne. Elle surmonte un crucifix simple, également en relief, tardif, au-dessus du porche Ouest.